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samedi 4 avril 2015

Délicieuses histoires de notre gastronomie, de ses "Arts de la Table" nouvelle saga de la dynastie de Quentin du Mesnil

La Saga de la dynastie de Quentin du Mesnil 
Tome 1 "Le Sang de l'hermine"  
Michèle Barrière (Ed. Le Livre de Poche) 

Quatrième de couverture :

     Quentin du Mesnil, un jeune hobereau normand, compagnon d’enfance et maître d’hôtel de François Ier, est chargé d’aller chercher Léonard de Vinci en Italie et de le ramener à Amboise. En échange de ses bons et loyaux services, il se verra confier les rênes du chantier de Chambord où le monarque rêve d’élever un château digne de lui. Léonard, qui s’est engagé à venir à la cour de France, renâcle pourtant à l’idée de partir. La mission de Quentin, en apparence des plus innocentes, tourne vite au cauchemar, d’autant que certains semblent en vouloir à la vie du peintre. Premier opus d’une nouvelle fresque historique, Le Sang de l’hermine nous plonge dans les glorieux débuts du XVIe siècle – intrigues politiques et fêtes royales s’y mêlent aux ingrédients coutumiers des livres de Michèle Barrière : sauces, tartes, rôtis, poissons et pâtés – et se conclut par quelques savoureuses recettes tirées de livres d’époque.
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     Michèle Barrière, inaugure avec « Le Sang de l’hermine » une nouvelle saga. L’histoire de la dynastie du maître d’hôtel Quentin du Mesnil

     François 1er, avant d’être roi de France, a passé son enfance avec deux jeunes de son âge, Quentin du Mesnil et sa sœur Mathilde. Sa venue sur le trône ne fut qu’un jeu du hasard.
"1516. Un jeune homme de vingt-deux ans règne sur la France. Grand, beau, intelligent, cultivé, tout lui sourit. Pourtant, rien ne destinait François d’Angoulême, duc de Valois, à devenir roi. Il a fallu que Charles VIII et Louis XII meurent sans héritier mâle pour qu'il accède au trône." [p. 9]

     Dans ce premier tome, François 1er, grand admirateur de Léonard de Vinci, a demandé à cet artiste de génie de venir s’installer en France, afin de terminer ses travaux. 
« Il n’est pas question que Léonard de Vinci m’échappe, reprit le roi. C’est le plus grand artiste et le meilleur philosophe de tous les temps ; il sera un ornement primordial pour le royaume de France. » [p. 41] 
Il lui ouvrira tout crédit pour ses recherches, et lui demande également de construire le nouveau château qu’il souhaite le plus beau, Chambord.  Léonard lui ayant fait savoir qu’il acceptait, François est inquiet de ne toujours pas le voir arriver sur ses terres. Il mandate Quentin du Mesnil, en qui il a toute confiance, pour partir au devant de lui, à sa recherche, et de l’escorter jusqu’à Amboise.

     Lors du dernier repas avant son départ, Quentin constate le laisser-aller de l’agencement de la salle du repas, du linge, de la préparation des plats. Lui qui, lors d’un dernier voyage en Italie, a pu constater le raffinement, l’élégance d’un souper servi chez nos voisins Italiens. Il se dit qu’il se doit de changer les us et coutumes qui prévalent à la cour du roi de France. 


« Pour le premier service, ils eurent des rôties aux foies de volailles que Quentin trouva insipides. Quant à la comminée de poule, elle baignait dans une sauce bien trop claire. Il ne toucha pas au pâté d’agneau, son voisin de droite s’étant plaint que trop de sel en gâtait le goût.
 Une fois n’était pas coutume, Quentin observait avec attention la table mise. Les nappes manquaient de fraîcheur. Dans les taches de vin et les traces grasses laissées par les doigts des convives, on pouvait y lire les festins précédents. Quand les écuyers-tranchants entrèrent en scène pour découper les viandes rôties, Quentin s’aperçut que les plats d’étain étaient bosselés. Ceux en argent destinés au service du roi manquaient singulièrement d’éclat. La nef, placée devant François, où étaient conservés le sel et ses couverts personnels, était si pauvre en ornements qu’il ressentit un profond sentiment de honte. Jetant un œil autour de lui, il vit les dressoirs en bois sombre qui devaient dater de Charles VIII, les bancs et les sièges qui n’avaient plus d’âge. Il était temps d’apporter un peu de nouveauté à ce fatras.  
On leur servit du bourbelier de sanglier, pas mauvais, certes, mais qui n’avait rien d’exceptionnel. Le civet de lièvre était acceptable, quoiqu’un peu trop épicé. Les petits oiseaux, grives et cailles, étaient presque calcinés. Quant aux hérons, il restait des plumes collées à la chair… Un désastre ! Comment avait-il pu laisser s’installer un tel laisser-aller ? Quoi qu’il ne fût pas responsable de ce souper, Quentin avait envie de rentrer sous terre. A peine osait-il regarder les convives de la table centrale. La reine Claude chipotait, ce qui n’avait rien d’étonnant vu son état. Marguerite avait laissé pratiquement toute la viande sur son tranchoir. Seul François mangeait avec entrain, mais après une journée de chasse, il aurait été capable de manger le cuir de ses chaussures. 
Quentin repensa à tout ce qu’il avait vu l’année précédente en Italie. A Milan, puis à Bologne où ils s’étaient rendus à l’invitation du pape, les banquets somptueux s’étaient succédé. Jamais il n’avait connu une telle variété de mets délicats, servis dans des assiettes individuelles, et non ces grossiers tranchoirs faits d’une planche de bois sur laquelle on posait un morceau de pain qui absorbait le jus des viandes. Les verres étaient d’une telle finesse qu’on osait à peine les prendre en main. 
Pour l’honneur du roi et de la France, il fallait s’employer à égaler, voire surpasser le savoir-faire des Italiens. Quentin se jura de jeter aux oubliettes les mauvaises pratiques, les objets obsolètes, les mets peu raffinés qui,  hélas, était e quotidien de la table du roi. Son prochain voyage pourrait être un premier pas dans son grand projet de rénovation. N’avait-il pas rencontré, à Bologne, un jeune cuisinier talentueux qui lui avait parlé avec fougue des nouvelles manières de cuisiner ? Il n’y avait guère prêté attention et cherchait à se rappeler le nom du jeune homme. Scappi, ou quelque chose comme ça. Et peu importait. Lui ou un autre, à condition qu’il ait des idées neuves, serait le bienvenu.»  [p. 49-50-51]
     Ce voyage en Italie qui de prime abord ne l’enchantait guère, va lui servir en fin de compte pour mener à bien son projet.
«Pourquoi ne pas faire une pierre deux coups, Ramener Léonard et quelques artistes des métiers de bouche… Ne disait-on pas le plus grand bien d’un certain Messibugo, maître d’hôtel à la cour de Ferrare ? A Mantoue, les fêtes d’Isabelle d’Este étaient somptueuses… Il le savait par le fils de la duchesse, Frédéric de Gonzague, en résidence surveillée en France. 
Il lui faudrait d’abord mettre la main sur Léonard, ce qui ne serait pas difficile, l’accompagner un bout sur le chemin de la France, et ensuite s’octroyer quelques détours en Italie. Il en profiterait aussi pour passer commande des dernières trouvailles italiennes en matière de décor de table. 
Tout à son plan, Quentin ne prêta aucune attention aux tourtes, crèmes et confitures qui clôturaient le souper.» [p. 51]
     Nous voici donc embarqués dans des aventures culinaires aussi délicieuses que dangereuses parfois ! Un régal !

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Pour en savoir plus :
Éditeur : Le Livre de Poche
ISBN: 9782253167259
336 pages
Date de parution: 27/02/2013
Éditeur d'origine: J C Lattès
Langue: Français

Prix TTC : 7.10 €


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